Caroline COUDER Publié le par 23/05/2025

Angoisse : un cerveau en mode survie

Ou pourquoi votre enfant ne peut “juste pas” se raisonner

 

Un cerveau débordé : quand l’émotion prend le volant

Imaginez : vous êtes sur une autoroute et soudain, votre GPS se coupe, le pare-brise s’embue, et le volant ne répond plus. C’est exactement ce qui se passe dans un cerveau en proie à l’angoisse. Et pour un enfant en situation de phobie scolaire, ce scénario peut se répéter chaque matin.

Mais pourquoi ? Pourquoi ne peut-il pas “simplement” se calmer, respirer, ou se raisonner ? C’est ce qu’on va explorer ensemble ici.

 

Ce que vous devez savoir sur le cerveau et les émotions fortes

Le cerveau, ce chef d’orchestre de nos pensées et de nos comportements, est en réalité composé de plusieurs parties aux fonctions bien distinctes :

  • Le cerveau reptilien : la base. Il gère les instincts de survie : fuir, se figer ou combattre.
  • Le cerveau limbique : il ressent. C’est lui qui déclenche les émotions, les souvenirs, les peurs.
  • Le néocortex : la partie la plus évoluée. Il raisonne, anticipe, prend des décisions logiques.

Or, en cas de danger perçu, (réel ou imaginaire) ce n’est pas le néocortex qui prend le dessus, mais bien le cerveau reptilien. Et le problème, c’est que ce “danger” peut être... l’école.

 

Le “mode survie” : comment ça marche ?

Quand une émotion comme la peur ou l’angoisse surgit, le cerveau interprète la situation comme une menace. Il active alors une réaction de survie automatique :

  • Libération d’adrénaline et de cortisol (hormones du stress)
  • Accélération du rythme cardiaque et de la respiration
  • Muscles tendus, digestion ralentie
  • Et surtout… déconnexion du néocortex

Résultat : l’enfant ne peut plus réfléchir normalement. Il ne PEUT pas se raisonner. Il ne PEUT pas répondre calmement. Ce n’est pas un caprice. Ce n’est pas un refus volontaire. C’est une réaction automatique, incontrôlable, réelle.

 

Quand le danger n’est pas un lion… mais un contrôle de maths

Le cerveau ne fait pas la différence entre un danger réel (un lion affamé) et un danger perçu (entrer en classe avec une boule au ventre). Pour lui, la peur est la même. Il déclenche donc les mêmes mécanismes de défense :

  • Fuite : ne pas aller à l’école
  • Combat : se rebeller, s’énerver
  • Inhibition : rester figé, incapable d’agir

Et un cercle vicieux (peur évitement soulagement renforcement de la peur  peut s'’installer très rapidement, empêchant toute amélioration sans accompagnement adapté.

 

Ce que ressent un enfant dans cet état (et ce qu’il n’arrive pas à dire)

“J’ai mal au ventre”, “je ne veux pas y aller”, “je ne peux pas”.

Ces phrases, répétées en boucle, traduisent une détresse réelle. Ce n’est pas une excuse. L’enfant ne simule pas. Il vit une tempête intérieure qui bloque tout son système rationnel.

Imaginez devoir sauter d’un avion sans parachute. On vous dirait “allez, fais un effort, tout va bien !”, pourriez-vous obéir ? C’est pareil pour lui. Son cerveau crie “danger”. Et il obéit à cet ordre invisible.

 

Une explication aux comportements “incompréhensibles”

  • Il refuse de parler ? C’est le cerveau reptilien qui bloque l’accès au langage
  • Il pleure, hurle, s’agite ? C’est une réaction biologique, pas un caprice
  • Il évite, ment ou s’isole ? C’est un moyen (maladroit) de retrouver un peu de contrôle

Et pendant ce temps, les adultes, eux, cherchent à raisonner… avec un cerveau qui ne capte plus rien de rationnel.

 

Quelles hormones sont en jeu ?

Lors d’une angoisse, le cerveau libère :

  • L’adrénaline : booste les réflexes, prépare à fuir ou combattre
  • Le cortisol : aide à faire face au stress... mais en excès, il épuise
  • La noradrénaline : maintient l’alerte

Ces substances altèrent l’humeur, le sommeil, la mémoire… Et surtout, elles figent l’enfant dans un état de tension chronique.

 

Le rôle de la sophrologie dans tout ça

Ce que propose la sophrologie, ce n’est pas “juste” de se détendre. C’est réentraîner le cerveau à sortir du mode survie :

  • Par la respiration : on active le système parasympathique (apaisement)
  • Par la visualisation : on recrée un sentiment de sécurité
  • Par la répétition : on crée de nouveaux réflexes émotionnels

C’est un entrainement neuro-émotionnel, qui reconnecte l’enfant à son néocortex, à sa capacité de discernement et à sa propre sécurité intérieure.

Tu peux retrouver tous ces outils dans mon livre “Surmonter ma phobie scolaire” (au format ebook, kindle ou broché), conçu à partir de mon vécu personnel et professionnel avec la phobie scolaire.

 

Pour aller plus loin

Retrouve aussi l'article complémentaire :
La phobie scolaire : ce que c'est réellement

 

 

Conclusion : Et si on arrêtait de demander à un cerveau en panique… d’être raisonnable ?

Un enfant qui souffre de phobie scolaire ne veut pas vous manipuler. Il veut se sentir en sécurité. Comprendre son cerveau, c’est faire un pas immense vers la bienveillance, la déculpabilisation, et surtout… vers des solutions efficaces et humaines.

Vous n’êtes pas seul. Il y a des ressources. Il y a de l’espoir. Et il y a des outils concrets.