Caroline COUDER Publié le par 16/06/2025

Phobie scolaire : comment aider nos enfants au mieux ? Trouver le juste équilibre

La phobie scolaire est une souffrance bien réelle, souvent méconnue ou minimisée. Face à un enfant qui pleure, qui se bloque, qui développe des symptômes physiques à l'approche de l'école, le parent est souvent pris dans une tempête d'émotions contradictoires : faut-il insister ? Lâcher prise ? Forcer ou protéger ? S'effacer ou tenir bon ?

Dans cet article, nous allons explorer comment accompagner un enfant en phobie scolaire sans en faire trop ni pas assez. Il ne s'agit pas de suivre une recette miracle, mais de cultiver un cap : celui d'un accompagnement ajusté, évolutif, respectueux des besoins de chacun.

Comprendre la phobie scolaire : un mécanisme de survie

La phobie scolaire n'est pas une crise de paresse ou une rébellion. C'est un mécanisme de survie face à une angoisse perçue comme insurmontable. L'école devient un lieu de menace pour l'enfant : menace sociale, émotionnelle, existentielle. Son corps réagit parfois violemment : maux de ventre, nausées, crises de larmes, angoisses nocturnes.

Plutôt que de juger ou de minimiser, l'enjeu est de décoder ce que l'enfant tente d'exprimer sans mots. Ce mal-être n'est pas volontaire. Il signale un besoin profond de sécurité, de repères, de confiance.

L'écueil du "pas assez" : quand le parent se désengage

Par peur de dramatiser ou par impuissance, certains adultes prennent de la distance. Voici les comportements à risque :

  • Ignorer ses difficultés, pensant qu'elles passeront avec le temps.
  • Minimiser ses angoisses : "Tu exagères", "Tu t'en fais pour rien".
  • Le forcer brutalement à affronter sa peur, sans préparation ni accompagnement.
  • Se replier soi-même, par saturation ou découragement.
  • Ne plus être à l'écoute, croyant qu'il doit se "secouer" seul.
  • Ne pas fixer de repères ni de cadre temporel, le laissant s'enfoncer dans le flou.
  • Le laisser stagner, par peur de provoquer une crise.

Ce type de posture, bien que souvent adoptée pour éviter le conflit, peut creuser le sentiment d'abandon chez l'enfant, renforcer son isolement, voire valider ses peurs : "Je n'y arriverai jamais, même mes parents ne savent pas quoi faire."

L'écueil du "trop" : quand le parent surinvestit

Face à la douleur de l'enfant, il est tentant de vouloir tout faire à sa place, tout prévoir, tout absorber. Pourtant, ce trop-plein d'amour peut devenir étouffant :

  • Surprotection : vouloir éviter tout inconfort, toute émotion difficile.
  • Anticiper à sa place, pour lui épargner le stress ou la responsabilité.
  • Rassurer en permanence, même quand l'enfant n'en fait pas la demande.
  • Le dispenser de toute difficulté, au lieu de l'aider à les affronter.
  • Être toujours disponible, en s'oubliant soi-même.
  • Imposer un rythme de progression trop rapide, sans respecter ses temps d'intégration.

En croyant bien faire, on empêche parfois l'enfant de se confronter à ses propres ressources, on alimente la croyance qu'il ne peut rien faire seul.

6 façons d'aider son enfant dans bon équilibre : un cap, pas une formule figée

L'équilibre n'est pas un point fixe, mais un ajustement permanent. Il repose sur l'observation, la communication, et la confiance mutuelle. Voici quelques repères concrets :

1. Laisser des marges d'autonomie

L'enfant a besoin de se sentir acteur. Même dans les périodes de crise, il peut choisir : quelle tenue porter pour sortir ? Quel objectif se fixer pour la journée ? Quelle solution imaginer ? Lui redonner la main renforce son estime de soi.

2. Accompagner dans les recherches de solutions

Proposer, sans imposer. "Qu'est-ce qui pourrait t'aider ?", "Et si on testait ça ensemble ?". L'accompagnement devient coopératif, non directif. L'enfant sent qu'il n'est pas seul mais qu'il reste moteur.

3. Encourager l'affrontement progressif de petits défis

Pas besoin de viser tout de suite la journée d'école complète. Un petit pas : accompagner un camarade devant l'école, rentrer à une récréation, se connecter à une classe à distance... Chaque victoire alimente le sentiment de compétence.

4. Respecter ses avancées tout en gardant le cap

L'écoute des limites ne veut pas dire renoncer aux objectifs. Le cap reste l'autonomie, la sécurité affective, la scolarisation. Mais on accepte que le chemin ne soit pas linéaire.

5. Prendre soin de soi pour mieux accompagner

Un parent épuisé, stressé ou culpabilisé ne peut pas soutenir efficacement. Il est essentiel de s'autoriser des moments à soi, de se faire accompagner, de poser ses propres limites.

6. Aider l'enfant à mettre des mots sur sa peur

Plutôt que de rassurer trop vite, invitons à explorer : "Qu'est-ce qui te fait peur exactement ?", "Quelle image tu as dans ta tête ?", "Est-ce que cette peur te protège de quelque chose ?". Cela transforme la peur en donnée intelligible, et non en monstre invisible.

Ajuster sa posture parentale : une démarche vivante

Accompagner un enfant en phobie scolaire, c'est accepter de ne pas avoir toutes les réponses. C'est avancer par essai-erreur, observer, dialoguer, se remettre en question sans se flageller.

Il ne s'agit pas d'être un parent parfait, mais un parent présent, régulateur, à l'écoute de soi autant que de son enfant.

 

En conclusion : équilibre, confiance et progression

La sortie de la phobie scolaire ne se fait pas en forçant ni en fuyant. Elle se construit, jour après jour, dans une dynamique où chacun reprend progressivement sa juste place :

  • L'enfant, en tant qu'acteur de ses choix et de ses victoires.
  • Le parent, en tant que guide, soutien et repère.
  • Le professionnel, en tant que tiers facilitateur du processus.

Le juste équilibre n'est pas un point fixe. C'est un mouvement vivant, adapté à chaque famille, à chaque histoire, à chaque émotion.

C'est ce mouvement, plus que la destination, qui est porteur de transformation durable.

Et Happy New Life propose un pack en ligne dédié à la phobie scolaire qui permet à l'enfant d'avancer en autonomie mais aussi au parent de trouver ce juste équilibre tout en pensant à lui.

Crédit photo : pexels-karolina-grabowska